- abêtissement
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• 1859; h. 1552; de abêtir1 ♦ Action d'abêtir. ⇒ abrutissement, crétinisation. « L'abêtissement systématique des masses » (Beauvoir).2 ♦ État d'une personne abêtie. ⇒ crétinisme. « La renaissance de la superstition lui semblait le signe d'un complet abêtissement » (Renan).Synonymes :abêtissementn. m. Action d'abêtir; son résultat; état d'une personne abêtie.⇒ABÊTISSEMENT, subst. masc.A.— Action d'abêtir :• 1. La gésine et la nursery ne sont pas l'affaire dominante de l'homme. Nous traversons ces affaires d'entrailles, mais nous n'y pouvons demeurer, sous peine d'abêtissement, ou du moins d'affadissement.H.-F. AMIEL, Journal intime, 13 juil. 1866, p. 365.• 2. Il promettait de toucher l'opinion par une campagne de presse : la tyrannie politique, l'exploitation économique, la terreur policière, l'abêtissement systématique des masses, la honteuse complicité du clergé, il dirait tout.S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 89.• 3. Je me demandais si à la longue Zaza ne se laisserait pas convaincre que son devoir de chrétienne était de fonder un foyer; pas plus que l'abêtissement du couvent, je n'acceptais pour elle la morosité d'un mariage résigné.S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 276.B.— État de celui qui est abêti :• 4. Mais la fatigue est un grand remède et l'abêtissement une précieuse ressource.A. FRANCE, Le Mannequin d'osier, 1897, p. 14.• 5. Presque tout le temps que je passais près d'elle, j'étais à peu près idiot et plongé dans un abêtissement délicieux.A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 277.Rem. 1. Dans l'ex. 4 abêtissement a une valeur légèrement inchoative (entrée dans l'état). 2. Quoique appartenant à la lang. commune, le mot apparaît peu dans la docum. Il est cependant moins fam. que ses princ. synon. (abrutissement, crétinisme, gâtisme). Dans l'emploi A il a une valeur nettement dépréc. Dans l'emploi B (A. FRANCE, ex. 4, 5), le cont. lui donne une nuance (ironiquement) méliorative.Prononc. ET ORTH. :[
] ou [-be-], cf. abêtir. Enq. :/
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Étymol. ET HIST. — 1552 « action d'abêtir » (B. ANEAU, Imagination poétique, 45 ds HUG. : Abetissement d'enfants par tyrannie des magisters); 1842 « id. » (RICHARD, Dict. des mots nouveaux d'apr. QUEM.).Dér. de abêtir à partir du thème du part. prés. (voir suff. -ement) une 1re fois au XVIe, puis au XIXe s.STAT. — Fréq. abs. litt. :15.abêtissement [abetismɑ̃] n. m.ÉTYM. 1552; de abêtir.❖1 Action d'abêtir. ⇒ Abrutissement, crétinisation. || L'abêtissement de qqn par qqn. || « L'abêtissement systématique des masses » (S. de Beauvoir).2 État de celui qui est abêti. ⇒ Crétinisme. || Son abêtissement est complet. || Sombrer dans l'abêtissement.0 La renaissance de la superstition, qu'il avait crue enterrée par Voltaire et Rousseau, lui semblait, dans la génération nouvelle, le signe d'un complet abêtissement.Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. compl., t. II, p. 777.
Encyclopédie Universelle. 2012.